October 2013, Amsterdam
Aisha (son prénom a été modifié) est gracieuse et attachante. Elle est l’une des femmes du groupe de plusieurs centaines de réfugiés en attente de régularisation dans le centre d’Amsterdam.
En suspens…c’est ce qu’Aisha ressent, voudrait exprimer. Pas un jour sans que son corps ne lui fasse ressentir l’angoisse, la détresse, l’incertitude et la peur.
Pas un seul jour ponctué du repos que son esprit lui accorderait, aussi court qu’il soit, même fugitif.
Aisha est née à Accra, la capitale du Ghana, en Afrique de l’Ouest. Elle a grandi entourée de sa mère et de ses 3 frères. Ou plutôt elle a grandi entourant sa mère et s’occupant de ses 3 frères. ‘C’est la base de notre tradition, sa richesse, les plus grands s’occupent des petits.’ En harmonie avec ces responsabilités multiples, Aisha se souvient de beaucoup d’amour autour d’elle étant enfant, un amour familial rassurant.
La famille vit de petits commerces à proximité de la maison, on parle le langage d’Accra et l’anglais, enfance et adolescence se passent dans ce rythme, ponctué de repères familiers.
Puis, Aisha entre dans l’âge adulte, et le drame survient. Un évènement douloureux, traumatique, banni de sa mémoire, enseveli par un refus du souvenir et déclencheur de son exil.
Une femme amie d’amis lui propose son aide, il faudra juste lui faire confiance.
Aisha veut fuir, oublier, rayer, partir. Alors elle fait confiance. Elle la remboursera dans sa deuxième vie, mais il faut partir maintenant. Quelques affaires dans un sac et c’est l’inconnu. Vers où ? Aisha ne le sait pas, ce sera n’importe où.
Petit pays européen à la législation stricte, c’est aux Pays-Bas qu’Aisha arrive, c’est ici que depuis 18 mois, une nouvelle page de son histoire est en train de s’écrire. Une vie d’une nouveauté sans nom, d’une violence encore différente. De politique, Aisha ne veut pas parler, elle n’a pas les connaissances, confesse t-elle.
Mais ce qu’elle a toujours, au plus profond d’elle-même, c’est ce besoin d’une nouvelle vie, un besoin palpable, une détermination sans faille, Aisha est prête à tous les sacrifices pour s’adapter…n’importe où.
Elle prie souvent, sa foi en Dieu est grande.
De ces 18 mois elle se souviendra toujours des liens tissés avec les membres du groupe. Ils sont ensemble, dans tous les moments du quotidien, pour les coups durs et l’espoir. Elle aura aussi apprivoisé le français, elle le parle maintenant parfaitement. Aisha a de grandes capacités d’apprentissage, elle n’a que 29 ans.
Sonia.
Très touchant, ce portrait d’une jeune femme courageuse qui a fui son pays pour connaître une meilleure vie. Je lui souhaite plein de force, comme elle en a déjà, jusqu’au jour où le soleil brillera pour elle. Elle le mérite et Dieu qu’elle implore ne peut pas être indifférent à son sort.
Merci, très belle. Elle a parlé aujourd’hui dans la démonstration face à l’IND (Service d’Immigration). Voir Facebook Wij Zijn Hier.
Voilà la suite d’une série de préstations purement professionnelles.C’est très touchant d’y avoir apporté la dimension humaine qui manque très souvent dans la presse.je réitère mes respects
Merci infiniment de votre fidélité Aziza, Sonia.