Reportage France O, Planète investigation : le travail des enfants.
Et me voici transportée en Bolivie où des enfants travaillent dans des mines d’étain.
C’est l’histoire de Padro, un petit enfant de 6 ans qui commence son travail à la mine, car son père minier est décédé alors qu’il avait 40 ans. Ce petit garçon si tendre a peur de descendre dans les souterrains non entretenus. Il sait déjà ce petit bonhomme qu’il peut mourir d’un éboulement mais malgré la peur au ventre, le devoir l’appelle car il est seul à pourvoir à ses besoins vitaux. Son ami Alexandro qui a une douzaine d’années pleure souvent silencieusement, lui aussi est séparé de sa famille, son papa qui travaille dans une autre mine et sa maman et ses petits frères qui sont à la ville. Avec des mots simples il exprime sa tristesse. « Je voudrais vivre dans une ville où il fait bon marcher sous le soleil et je rêve aussi de manger à la table avec mes petits frères et ma maman et j’ai envie de les chahuter. Comme je voudrais vivre ces moments ! »
Son papa est déjà malade. Il emmène son fils à la visite médicale. Diagnostic sans appel : Alex est atteint de la maladie du silice qui est dégagé dans la mine. L’inhalation de la poussière de silice petit à petit ronge les poumons. Le médecin est formel : « tu dois arrêter de travailler dans la mine ». Se pose alors pour l’adolescent le problème du travail car il doit gagner de l’argent. Son papa décide de l’envoyer à l’école à la grande joie d’Alex, mais le week-end, il retourne à la mine pour payer ses frais de scolarité. Et son plus grand bonheur c’est d’acheter avec ses maigres économies des tissus colorés pour sa maman. Il désire réussir ses études pour avoir un autre travail et aider sa famille et surtout le papa pour qu’il ne meure pas à la mine.
Quant à Padro, il n’a pas de famille, par conséquent c’est sa nourriture qu’il gagne à la mine.
Pour combien de temps, son espérance de vie est très courte… ?
Le voyage de l’insupportable continue… Nous voici au Ghana ou un trafic d’enfants esclaves est important. Ils sont achetés par des pécheurs qui travaillent sur le lac Volta, le plus grand lac artificiel du monde. Enfants esclaves achetés aux familles pauvres, à partir de 4 ans 25 ou 30 euros, un adolescent sera acheté dans les 200 euros. « Moins cher qu’une vache ! » dit sans honte l’intermédiaire répugnant.
Joseph 6 ans, est réveillé à 4 heures du matin avec 3 compagnons. C’est lui le plus jeune dans cette équipe. Il part, les yeux bouffis de sommeil portant sur ses épaules des planches de bois vers la barque. La pêche commence, les filets s’emmêlent, sa mission est de les démêler. Comme il n’y arrive pas à cause de ses petites mains, son patron lui donne des coups de rame sur la tête « pour lui faire rentrer le métier dit-il ». De la souffrance, beaucoup de souffrance, sur le visage de ce petit Joseph. On a envie de le serrer dans nos bras. Trop, c’est trop car c’est lui encore qui plonge en apnée dans le lac pour ramener les filets chargés de poisson. Toutes les tâches dures lui sont réservées « pour le former » dit le tortionnaire…
Toute la population et les autorités savent le problème mais le non-dit règne et les discours des anciens ne paraissent pas crédibles.
Une lumière dans ces vies brisées de douleur : une ONG suisse qui emploie du personnel autochtone circule sur le lac et rachète au patron au compte-gouttes les enfants esclaves pour les soigner et les scolariser. Imaginez la détresse de ceux qui ne peuvent pas partir et qui voient la pirogue chargée de leurs amis voguer vers la liberté. Un autre jour ce sera leur tour, mais seront-ils toujours vivants ?
Pourquoi autant de disparités chez les « enfants de tous pays ». Ici, dans nos civilisations occidentales enfants rois, dorlotés, aimés, là-bas, enfants seuls, séparés de l’amour de leur mère et père, devant supporter une vie de travail inhumaine. Enfance volée, sacrifiée. Adultes courbés de misère ou méprisants et sans cœur.
Comment rétablir un juste milieu car il n’y a rien de plus violent que de voir souffrir un enfant. En attendant ouvrons les yeux des nôtres, lorsqu’ils sont trop capricieux et exigeants !…
Jeanne Baudu
Thanks for all of your work on this post, it allowed us to understand difficult facts about this tragedy. I am looking forward to reading more of your posts in the future.
Merci beaucoup Jeanne!