Chaque quartier est soutenu implicitement par sa renommée: quartier d’affaires, quartier huppé, quartier pour le shopping, quartier des musées et aux Pays-Bas, unique au monde, le quartier rouge. Comment peut faire une ville pour changer cette image souvent figée ? La ville d’Amsterdam, par le biais de nombreuses interventions souhaite faire évoluer l’image du Red Light District. Aujourd’hui réputé pour ses débauches, il sera demain un quartier urbain, représentatif de la scène artistique Néerlandaise et reconnu pour son passé historique.
Tout d’abord, en 2008, souhaitant attirer de jeunes designers talentueux, le Red Light Fashion Amsterdam Project leur propose un espace où exercer leur créativité sans frais de location, de gaz, d’eau ou d’électricité. Le but de la mairie avec cette mise à disposition de locaux difficilement abordables est de mettre en avant une forte présence artistique. En continuant à marcher vers les vitrines rouges, entre les touristes assouvissant leur curiosité, les dealers à l’affût de consommateurs et la vision de prostitués de tout âge et de toutes nationalités, on passait subitement devant des boutiques de Designers affichant en vitrine leurs dernières créations. Le contraste était saisissant, et le symbole accompagné du fameux logo ‘Red Light Fashion Amsterdam’ permettait de se repérer et de mieux saisir cette lente évolution vers un changement.
Le quartier rouge a toujours porté la publicité négative d’une zone flirtant entre légalité et illégalité et où drogues, trafics en tous genre et prostitution sont en terrains conquis. La municipalité veut aussi tenter de changer cette image en exerçant un contrôle strict sur toutes ces activités, en fermant des établissements connus dans le monde entier mais non conformes à la réglementation et en réduisant le nombre de prostitués en vitrine. La grogne des grands gérants de cet imposant commerce du sexe est manifeste. Selon ce propriétaire de Sex Shops, ‘même en Namibie, si on interroge quelqu’un dans la rue, il aura déjà entendu parler du Red Light District et changer son image est un projet sans futur.’
Et pourtant, les différences commencent petit à petit à se voir. L’église du XVI siècle, dédiée à St Nicolas au centre du quartier rouge est déjà le vivier de cette scène artistique. Depuis plusieurs années consécutives, on a pu découvrir de nombreuses expositions variées.
Quand l’on voit Cécilia Petit, jeune femme rayonnante se promener avec sa poussette dans ce voisinage animé, on peut imaginer son soulagement de voir son quartier devenir de plus en plus propre. Et pourtant, pour elle, habitante de plus de 20 ans du Red Light District, ‘ce projet de la municipalité ne va pas permettre de régler les vrais problèmes du quartier. Ouvrir des boutiques de mode et installer des artistes ne changera rien. On aura toujours besoin de la prostitution et j’aime l’idée qu’elle puisse être exercée librement et légalement. Si les vitrines ferment, ces femmes seront peut-être en danger dans un autre espace caché’.
Pour Cécilia, les habitants du quartier rouge savaient en venant ce qui les attendaient. Son choix et celui de ses voisins a été fait en connaissant l’image et la réputation du quartier rouge. Mais ce ne sera pas le cas des nouveaux voisins de la prostitution si celle-ci est exercée en périphérie de la ville.
Quand l’on demande à Cécilia comment elle imagine son quartier dans quelques années, elle nous répond qu’elle le voudrait ‘différent… mais seulement pour voir des gens travailler légalement avec un permis.’ Elle souhaite toujours côtoyer des prostituées mais voudrait ‘qu’elles soient toutes ici de leur plein gré.’
Sonia Johnson.
Great article, very interesting, did know only touristic informations. Thanks.