Mur de Berlin, rideau de fer, frontière honteuse, autant d’expressions chargées de souffrance, d’incompréhension. Cette frontière qui faisait fi de la dignité humaine et qui a divisé l’Allemagne pendant plus de 40 ans n’est pas oubliée. Même si le grillage métallique, les fils barbelés, les dispositifs de barrage et de tirs automatiques sont dorénavant démontés, les miradors dynamités, les fossés remplis et gazonnés, elle fait partie désormais de l’histoire.
A la suite de la chute du mur en 1989, plusieurs associations se sont créées en Allemagne dont l’objet était de « garder le souvenir » et plusieurs musées du souvenir ont ainsi vu le jour et j’ai eu la grande émotion d’en visiter un, le GRENZ MUSEUM à Bad Sooden-Allendorf, dans la région de La Hesse.
Dans ce musée, on présente tout ce qui peut témoigner de cette période dramatique.
Qui s’approche pour la première fois de ce musée de la frontière s’étonnera de voir le Mirador, tour assez mince en béton gris, qui monte vers le ciel. Ce site monstrueux de la frontière interallemande est perçu de façon beaucoup plus colossale qu’il ne l’est en réalité. Le chemin de patrouille fait de plaques de béton perforé mène sur le terrain du musée ; à ce jour les plaques ont résisté tant aux chenilles des blindés qu’aux intempéries. Ce sont les vestiges de chemins frontaliers datant de l’époque où l’Allemagne était divisée.
Sur le côté gauche du parking se trouve la section originale du grillage métallique frontalier qui s’étend sur presque 1,5 km au pied de la pente. De l’autre côté était l’Allemagne de l’Ouest. Pour la plupart c’était synonyme d’une liberté qui, bien qu’à proximité, fut en même temps inaccessible. De nombreuses personnes ont tenté de fuir, beaucoup ont réussi ; certains ont échoué.
Rideau de fer reconstruit avec dispositif électrique et décharge de bouts de métal.
Heinz-Josef Grosse fut un de ceux-là. Le 29 Mars 1982, il a eu l’idée géniale d’utiliser une pelleteuse – la nuit – pour passer le rideau de fer. Effectivement, le bras de la pelle passait au-dessus du rideau (3m20) de la frontière et par conséquent ne déclenchait aucun avertissement. Il a réussi sa manœuvre sans éveiller la vigilance des sentinelles. Alors qu’il était dans la pelle prêt à sauter et à gagner son difficile challenge de liberté, il se rappelle qu’il a laissé dans sa cabine sa sacoche avec de l’argent. Il refait le chemin inverse le long du bras de sa pelleteuse. C’est alors que les gardes l’ont tué à bout portant de 9 balles de Kalachnikov. Il y a un mémorial au bord de la route au-dessus de la pente – car ce n’était que là que commençait l’Allemagne de l’ouest. C’est l’endroit où trois douaniers ont dû observer comment H.J. Grosse se vidait de son sang écroulé au pied de la pente car bien que située au-delà de la grille frontalière, celle-ci était toujours territoire de la RDA.
La pelleteuse du héros Heinz-Josef.
Représentatif des autres victimes de la frontière inter-allemande, le sort de Heinz-Josef Grosse fait l’objet d’une partie de l’exposition lui étant dédiée dans le musée. D’autres objets exposés témoignent des essais astucieux de bien des gens désespérés qui ont tenté de d’escalader les installations de la frontière à l’aide de dispositifs faits main. Mais il n’y avait pas que le grillage frontalier et les dispositifs de tirs automatiques pour empêcher la fuite. Dans l’exposition se trouve également le texte de « l’ordre de tir » toujours démenti officiellement, qui sous le terme militaire de condamnation (= obligation) contraignait les soldats frontaliers de la RDA « à anéantir » les personnes en fuite voulant passer la frontière.
Les panneaux de réglementation.
Partout sur le terrain du musée ainsi que dans les salles d’exposition se trouvent des parties de la dite double grille de signalisation frontalière intérieure et extérieure. C’est ici que s’est littéralement matérialisé le Rideau de Fer politique. Les ouvertures de la grille métallique sont si petites qu’on peut à peine passer un doigt à travers, et ses bords sont tranchants – non sans raison. En plus des installations fixes, comme les grilles métalliques, blockhaus d’observation et miradors, divers véhicules et hélicoptères étaient également utilisés pour la protection de la frontière.
Notre guide allemand parlant un excellent français, nous expliquait son travail de pédagogie auprès des jeunes. « Plus jamais ça, exercez-vous à la tolérance, à la fraternité, pas demain mais tout de suite pour que vous deveniez des adultes avertis et responsables ».
On ne sort pas indemne d’une visite comme celle-là. Ce qui s’est passé à 1000 kms de chez nous pendant plus de quarante ans a-t-il été suffisamment relayé dans notre pays ?
En tous cas, ce musée garde le témoignage de cette folle période de terreur.
Jeanne Baudu.
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