Il aura fallu des voyages, des doutes et des mirages. Il aura fallu des joies, des peines.
Il aura fallu des heures, des jours et des années. Avant qu’enfin je fasse la connaissance de la femme qui me fait face. Je la vois et lui souris.
Il aura fallu des hommes, des amours et des empires. Des déserts de solitude. Des partages fulgurants. Pour qu’un jour, enfin, je reconnaisse la femme qui me fait face.
Il aura fallu ce temps de silence pour arriver à dire. Le bonheur d’être cette femme.
Je pensais à cela, et tant d’autres choses. Adossée à la rambarde de la terrasse. Alors, j’ai fermé les yeux, j’ai écouté. Le grillon solitaire, le bruit du vent dans les palmiers. J’entendais au loin venir la pluie. Grains tièdes qui donnent cette couleur si vive aux plantes. Aux araignées. Les petits lézards aussi, tout bariolés. J’ai écouté la nuit tropicale une dernière fois. J’ai pensé à la femme que je suis. J’ai pensé, demain est déjà là. Je m’en vais. Je quitte mon asile doré. Ce lieu précis, où j’ai tant aimé.
Puis le grillon s’est tu, j’ai aperçu ma valise ouverte. Je l’ai refermée.
Lola