Djamila, jolie Comorienne, avait pour mission de nous préparer avec l’aide de 3 amies, un repas mayorais pour 50 personnes. Le menu s’est fait facilement : Djamila voulait nous faire goûter au plat national, le pilaou, avec d’autres plats pour compléter le menu.
Courses à Montreuil, dimanche après-midi à 14 heures : 50 cuisses de poulet, 10 gros poissons, 5 kg de bananes vertes, des patates douces, du manioc, des tomates, 7 kg de riz et de multiples ingrédients.
Arrivées dans la cuisine d’une amie à 16 heures. Notre mission à nous était d’éplucher les bananes vertes (Djamila nous a montrés la méthode) mais c’était une mission quasi-impossible. La peau de ces bananes est dure, colle et tâche les vêtements. (J’en garde encore les vestiges sur mes mains et sur un pantalon). Vous nous imaginez en train de lutter devant un gros tas de bananes vertes qui ne diminuaient pas…?
Pendant ce temps, Djamila se débattait dans la découpe du poisson surgelé. Au fur et à mesure du temps qui passait et de la somme de travail qui nous restait, un sentiment de panique s’installait. Et nous découvrions que toute la base de la cuisine mayoraise était la friture. Mon amie commence à craindre que les voisins de son immeuble hausmannien ne se plaignent de l’odeur du poisson…Que faire ?
Convaincre Djamila d’abandonner l’idée du « pilaou » (préparation compliquée à base du poulet) ?
Il était 19 heures. Cela n’a pas été chose facile, c’était un crève-cœur pour Djamila qui ne pouvait concevoir de nous faire découvrir la cuisine comorienne sans « pilaou ».
Il a fallu nos 3 forces de persuasion pour lui faire admettre que nous n’y arriverions jamais à ce rythme ainsi que la promesse de refaire un repas uniquement avec le pilaou.
Décision prise : aller chez Djamila continuer à travailler. Elle possède une gazinière digne de la grande cuisinière qu’elle est. Nous nous répartissons les cuisses de poulet marinées dans de bons ingrédients que nous ferons cuire dans nos fours lundi matin.
Pendant ce temps, Djamila téléphone à son mari pour qu’il nous prépare à manger. Quelle générosité ! Arrivée chez Djamila, le dîner, puis nous continuons les bananes vertes pendant que Djamila fait frire le poisson. A 23 heures, nous nous quittons pour reprendre le lendemain matin dès les premières lueurs du jour pour faire cuire chacune le poulet dans nos cuisines respectives.
Lundi matin, arrivée chez Djamila à 9 heures. Il reste à faire frire les bananes, les patates douces, le manioc et à faire cuire le riz. Il s’agit aussi d’avoir l’œil sur la montre pour être prête à 12h15, le repas étant fixé à 12h30, mais les petites mamies ne sont jamais en retard pour manger !…
Pendant que les bananes sont sur le feu, Djamila installe une grande cocotte pour faire cuire 7 kg de riz. En fin de cuisson, lorsque le riz est encore croquant, je vous le donne en mille, lisez bien les gestes de Djamila.
Elle prend du papier d’aluminium, en fait 4 grosses boules.
Elle prend une boule, la dépose dans le fond de la cocotte, ceci 4 fois. Elle ne s’est pas brûlée, nous a-t-elle dit !…
Ensuite elle recouvre la cocotte de papier d’aluminium, met le couvercle, baisse le gaz, et le riz continue 1/2h à cuire à l’étouffée. Je vous assure qu’il était délicieux.
Nous sommes dans les temps. A 12h15, j’arrive avec Djamila (ses grands enfants admirables nous ont aidé à descendre les 5 étages sans ascenseur, les grosses cocottes et à les charger dans le coffre de ma voiture), sur le lieu du repas. Avec de l’aide, nous commençons à décharger.
Mon portable sonne « Maman, j’ai envie d’entendre ta voix – oui, mon fils, je suis bien là, très heureuse de t’entendre de Mumbai » Je ne lui ai pas dit que nous étions épuisées mais si heureuses d’avoir réussi ce challenge.
50 personnes âgées prenaient déjà l’apéritif. Elles ont largement apprécié ce déjeuner hors du commun.
Merci d’avoir partagé avec moi ces moments si étonnants.
Jeanne.
Belle expérience. Merci de nous en avoir fait profiter. A quand le nouveau plat de Djamila ?